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NAIROBI (Landscape News) – Une décennie consacrée à la promotion de la réhabilitation des écosystèmes dégradés, abîmés ou détruits contribuerait à accélérer la course contre le changement climatique et l’appauvrissement de la biodiversité, a déclaré Erik Solheim, Directeur du PNUE.
Solheim s’exprimait jeudi en réponse à une déclaration du gouvernement du Salvador qui propose une décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes sur la période 2021-2030.
Ce document de deux pages a été publié juste avant le congrès du Forum mondial sur les paysages (GLF) – qui se tiendra au siège du PNUE à Nairobi la semaine prochaine – où le sujet sera au cœur des débats auxquels participeront 800 personnes, sans compter tous les internautes qui les suivront en ligne.
« La restauration des écosystèmes peut permettre de lutter contre le changement climatique, la pauvreté et l’érosion de la biodiversité », a précisé E. Solheim, qui prendra la parole lors de cette manifestation.
« Une décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes nous permettrait de passer à la vitesse supérieure dans les actions de restauration et le PNUE soutient le Salvador et les nombreux autres pays qui montent au créneau pour proposer cette idée », a-t-il fait savoir.
UNE GRAINE A ÉTÉ SEMÉE
C’est en mars lors d’une grande manifestation internationale organisée par le Défi de Bonn à Foz do Iguacu au Brésil que le Ministère salvadorien de l’Environnement et des Ressources naturelles a émis cette idée pour la première fois. Le but final est de restaurer plus de 2 milliards d’hectares de terres dégradées dans le monde (c’est-à-dire une superficie plus vaste que celle de l’Amérique du Sud).
Depuis, un grand nombre de personnes se sont ralliées à cette vision qui est maintenant officiellement soutenue par les huit pays membres de la Commission de l’Afrique centrale pour l’environnement et le développement (CCAD) dans le cadre du Système d’Intégration centraméricain (SICA). Salvador Nieto, Secrétaire général de la CCAD, interviendra au GLF.
Le Salvador presse la communauté internationale d’apporter son appui à sa proposition pour la soumettre à l’Assemblée générale des Nations Unies qui aura lieu à New York en septembre.
« Il reviendra aux États membres des Nations Unies de prendre une décision concernant la décennie proposée lors de l’Assemblée générale », a indiqué E. Solheim. « Le PNUE se tient prêt pour faire de cette décennie une réussite, accompagné par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ».
L’objectif des pays qui sont en faveur d’une décennie des Nations Unies sur la restauration des écosystèmes est de propulser la restauration des paysages au premier rang des priorités nationales en renforçant les efforts des pays en vue d’atteindre l’objectif de développement durable (ODD) 15 des Nations Unies, qui concerne la vie terrestre.
La proposition du Salvador recommande de suivre les progrès de la restauration au niveau international.
« Cela se traduira par une contribution aux ODD et à l’Agenda 2030, en particulier à l’ODD 15 et un appui significatif à la réalisation de l’ODD 2 (Faim « zéro »), de l’ODD 6 (Eau propre et assainissement), de l’ODD 12 (Consommation et production responsables), de l’ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre le changement climatique) et de l’ODD 14 (Vie aquatique) », précise la déclaration.
La dégradation des terres causée par les activités anthropiques comme l’agriculture et l’exploitation des ressources est préjudiciable à la vie d’au moins 3,2 milliards de personnes et coûte plus de 10 % du produit intérieur brut mondial annuel en disparition de la biodiversité et de services écosystémiques, indique-t-elle, citant un rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques.
UNE MISE QUI RAPPORTE GROS
Une décennie consacrée à la restauration permettrait, pour un coût qui ne serait pas excessif, de s’attaquer à la grave dégradation des écosystèmes et des agro-écosystèmes à laquelle les pays sont confrontés, comme à leur vulnérabilité face aux problèmes environnementaux posés par le changement climatique, et aux conséquences que cela implique pour le développement économique et social, a expliqué Lina Pohl, Ministre salvadorienne de l’Environnement et des Ressources naturelles, à Landscape News dans un entretien en juillet.
« Au Salvador, la détérioration des écosystèmes en a altéré la structure et les fonctions, ce qui a induit un appauvrissement de la biodiversité et une diminution des services écosystémiques fournis, ceci se répercutant sur la productivité et la qualité de vie dans les territoires en aggravant la vulnérabilité aux problèmes climatiques », a exposé L. Pohl.
« Face à l’augmentation rapide du nombre de catastrophes liées au changement climatique, notre pays doit promouvoir un programme de restauration énergique pour renforcer la résilience, réduire la vulnérabilité et accroître la capacité des systèmes à s’adapter aux menaces quotidiennes et aux cataclysmes.
Sur le plan régional, le Salvador a un rôle moteur dans l’Initiative 20×20, programme de restauration en Amérique du Sud qui s’inscrit dans le droit fil des objectifs fixés par le Défi de Bonn, un engagement international à restaurer 350 millions d’hectares d’ici 2030 pris en 2014 lors des négociations sur le climat de l’ONU en vertu de la Déclaration de New York sur les forêts.
Depuis la création de son ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles il y a 20 ans, ce pays, qui est le plus petit d’Amérique centrale, a concentré ses efforts pour protéger sa biodiversité remarquable. En 2012, le ministère innovait avec la mise en place d’un Programme pour la restauration des paysages ruraux et des écosystèmes.
L’événement, qui s’est déroulé au Brésil sous l’égide conjointe du ministère fédéral allemand de l’Environnement, de la Conservation de la Nature et de la Sûreté nucléaire (BMU) et de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a été l’occasion d’échanger sur diverses initiatives de financement, expériences et innovations en matière de restauration des paysages forestiers.
« La restauration des écosystèmes peut générer des avantages tangibles qui accroîtront la sécurité alimentaire et hydrique, contribueront à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique pour faire face aux risques correspondants comme les aléas climatiques et les migrations », selon la déclaration du Salvador concernant la décennie proposée par ce pays sur la restauration des écosystèmes.
« On s’est aperçu que l’investissement dans la restauration des écosystèmes a débouché sur des avantages représentant 10 fois le coût de la mise initiale, alors que le coût de l’inaction atteint au moins trois fois le prix de la restauration volontariste des écosystèmes ».
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