Alfred Ntumba, journaliste et fondateur d’Environews RDC. Axel Fassio, CIFOR.

Le journalisme environnemental en République démocratique du Congo : un parcours du combattant.

Réflexions d'un précurseur dans le domaine
ven mai 2019

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Les effets néfastes des changements climatiques n’ont pas laissé indifférents les chevaliers de la plume. Les inondations et les sécheresses, les catastrophes naturelles, et même le développement des épidémies sont des sujets qui intéressent de plus en plus les professionnels des médias. Non seulement parce qu’ils sont à l’affût de l’information, mais parce qu’ils sont aussi victimes au même titre que le reste de la population.

En occident, le « journalisme environnemental » a vu le jour au début des années 90, comme une réponse au besoin d’informer le public sur des défis climatiques. Cependant, en Afrique centrale cette discipline se recherche encore.

À Kinshasa, où je réside, on observe progressivement un regain d’intérêt aux questions environnementales. Néanmoins, la complexité et l’internationalisation du domaine représentent une barrière à franchir par les professionnels des médias, enfreignant ainsi leur élan de solidarité et leur engagement à s’impliquer dans cette cause.

Dans tous les cas, les plus persévérants tiennent le coup.

UNE PREMIÈRE EXPÉRIENCE

Le journalisme environnemental en République démocratique du Congo reste un véritable parcours du combattant. Le chemin pour y arriver, comme toutes nos routes, est tortueux et plein d’embuches.

Je me souviens encore de mes débuts en tant que journaliste environnemental, en 2013, quand je venais de lancer mon organisation ENVIRONEWS RDC. Personne ne m’accordait la chance de réussir : « Mon frère, je te conseille de te lancer dans le journalisme politique, discipline que tu as suivi avec brio à l’Université. Ce serait très difficile pour toi de réussir dans le domaine de l’environnement », me disait un ainé.

Effectivement, le domaine de l’environnement est complexe. Les spécialistes attendent des journalistes bien préparés en face d’eux, avec des questions pertinentes. Ce n’est pas aisée pour quelqu’un qui n’a jamais appris le jargon du secteur durant tout son cursus académique.

Sans mentor, ni référence, je me suis lancé dans une lutte acharnée pour d’abord apprendre et comprendre le domaine, et ensuite essayer d’appliquer les techniques journalistiques apprises à l’école pour collecter, traiter et diffuser l’information environnementale.

Aujourd’hui, un long chemin parcouru, je représente un repère pour beaucoup des jeunes journalistes qui ont embrassé le domaine de l’environnement, avec qui je partage ma motivation, et mon modèle de réussite.

BESOIN DE FORMATIONS SPÉCIALISÉES

La RDC dispose environ 60% des forêts du bassin du Congo, le deuxième poumon vert de la planète. Donc nous les journalistes environnementaux avons la responsabilité de sensibiliser, former et informer plus de 80 millions des congolais pour préserver ces forêts. Pour cette énorme tache, nous avons besoin d’un arsenal des « soldats », dotés des connaissances journalistiques et environnementales.

Mais hélas, la plus grande contrainte à l’atteinte de cet objectif reste la formation. La plus grande école d’enseignement du journalisme (IFASIC – Institut facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication), ne dispose que de deux sections : Le journalisme politique et le journalisme économique. Les désireux d’aborder les questions environnementales n’ont les choix que de se former sur le tas, grâce aux recherches personnelles ou des échanges avec les experts.

Conscients de cette difficulté, chez ENVIRONEWS RDC nous avons initié un projet de formation des journalistes qui a été financé par l’UNESCO. Grâce à cet appui, nous avons formé quelques dizaines de journalistes, dont 27 à Kinshasa.

UNE MONTÉE EN PUISSANCE

Une évolution importante du journalisme environnemental en RDC est qu’il y a quelques années, les journalistes ont commencé à s’organiser dans des réseaux, comme la Green Journalists Network, l’Association des journalistes environnementaux du Maniema (AJEMA), ou le Réseau de communicateurs pour l’environnement (RCEN), ce qui facilite des collaborations.  

Le soutien des organisation internationales, tels que l’Union européenne à travers le CIFOR, l’UNESCO, ou le WWF, a aussi contribué à la multiplication des émissions radiotélévisées et l’apparition des médias spécialisés.

À Kinshasa, comme à l’intérieur de la RDC, il y a aujourd’hui  plusieurs dizaines des journalistes environnementaux, même si leurs conditions restent difficiles. Pour ENVIRONNEWS RDC, cette année nous avons lancé une chaine de télévision spécialisée dans des sujets environnementaux – une première en Afrique. Avec cette initiative, nous voulons donner des espaces d’expression aux plus de journalistes et impulser le secteur.

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