This post is also available in: Anglais
Les pays du monde entier sont aux prises avec les impacts sanitaires et économiques du COVID-19, mais si l’on veut aussi lutter contre la faim en Afrique, les problèmes sont d’une autre ampleur, et bien plus complexes.
La pandémie ne s’est pas manifestée pareillement dans tous les pays africains qui ont mis en place des stratégies de confinement différentes. À l’exception du Bénin, tous ces pays ont fermé les écoles ; plus de 80 % d’entre eux ont imposé des restrictions sur les déplacements et la majorité a fermé les frontières, les ports et les aéroports.
Selon Scott Newman, responsable de l’exécution de l’Initiative régionale pour l’Afrique sur l’intensification durable de la production et du développement des chaînes de valeur à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à la suite de l’entrée en vigueur de ces mesures de confinement, on commence à observer des problèmes en cascade pour les agriculteurs, les entreprises agroalimentaires et les consommateurs.
« Je pense que la crise du COVID-19 nous force à réfléchir à la transformation des systèmes de production alimentaire en Afrique », déclare S. Newman.
« En Afrique, ceux qui occupent des postes à responsabilité se retrouvent entre le marteau et l’enclume face, d’une part, à la crise sanitaire créée par la propagation du COVID-19, et d’autre part, à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle », déplore-t-il.
En effet, dans son dernier rapport, la FAO se dit « particulièrement préoccupée par les impacts potentiels du virus et des mesures de confinement mises en place sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance dans des contextes de grande vulnérabilité où les populations ont déjà des difficultés à se nourrir ».
La situation de ce continent est très problématique pour deux raisons (au moins). D’abord sa dépendance démesurée à l’égard des importations de produits alimentaires, certains pays achetant à l’étranger plus de 90 % de leur alimentation de base comme les céréales, les produits laitiers et la viande. Ensuite, avec l’arrêt de l’activité des ports et des aéroports, la restriction des déplacements intérieurs et le confinement des travailleurs des secteurs de la transformation, du stockage et du transport des produits alimentaires, ceux-ci ne parviennent plus à leur destination finale.
Tout ceci ne fait qu’aggraver la pauvreté et l’insécurité alimentaire en Afrique. Un cinquième de la population du continent ne mange pas à sa faim, selon un rapport de la FAO datant de 2018 ; 413 millions d’Africains vivent dans une extrême pauvreté ; et parmi les 20 millions de réfugiés climatiques de la planète, nombreux sont les Africains, en particulier ceux de la Corne de l’Afrique.
« Et ces mesures de confinement compliquent d’autant plus la vie des personnes qui cherchent à gagner un peu d’argent au jour le jour pour faire bouillir la marmite », poursuit S. Newman.
La population vulnérable du continent africain compte de nombreux agriculteurs ayant une petite exploitation ou pratiquant la culture vivrière, lesquels n’avaient pas besoin de ces problèmes supplémentaires, compte tenu de la précarité de leurs conditions de vie habituelles. À cause des restrictions qui bloquent les importations d’intrants pour les cultures et le déplacement de la main-d’œuvre saisonnière nécessaire au moment des récoltes, ils pourraient voir leur production s’effondrer et les denrées périssables s’avarier avant d’arriver sur le marché.
C’est pourtant au marché du village où ces denrées sont souvent vendues que s’approvisionnent surtout les pauvres.
« La majorité de la population ne va pas au supermarché pour faire ses courses », précise S. Newman. « Les gens vont au marché (habituel ou improvisé), achètent à l’étal des vendeurs des rues, aux marchandes qui s’installent au bord des routes ». Là, les produits sont peu chers, mais avec des centaines de personnes concentrées dans ces espaces, voire des milliers selon les endroits, la distanciation sociale est pratiquement impossible.
Alors que certains pays sont en train d’assouplir les mesures de confinement pour faciliter le fonctionnement de leurs chaînes de valeur dans le domaine alimentaire, il est nécessaire qu’ils réfléchissent aussi pour mettre en place des procédures de distanciation sociale et pour fluidifier les échanges entre les personnes sur les marchés. « C’est un vrai défi », déclare-t-il. « Mais nous devons faire preuve d’imagination pour permettre à ces marchés de rester ouverts, aux personnes d’acheter des produits frais et nourrissants, tout en leur évitant, dans la mesure du possible, de contracter le virus lorsqu’elles sortent faire leurs courses.
À court comme à long terme, cependant, les problèmes inédits dus à la pandémie du coronavirus mettent en lumière la nécessité pour l’Afrique de se tourner vers un approvisionnement alimentaire plus durable et local.
« Il est possible de produire bien davantage ici, car il y a beaucoup de terres arables », indique S. Newman. « Il faut plus de productivité sans que cela se fasse au détriment de l’environnement, de la biodiversité et des écosystèmes. » Les techniques de culture durables, comme les approches agroécologiques et l’agriculture intelligente face au climat, pourraient non seulement accroître les rendements et réduire la nécessité d’importer des engrais chimiques et des pesticides, mais aussi améliorer la santé des sols. Il ajoute que, grâce à ces concepts et principes écologiques, il serait aussi possible de « prévoir des volets sociaux en vue de la durabilité et de l’équité des systèmes de production alimentaire ».
Entré en vigueur l’an dernier, l’Accord de libre-échange continental africain pourrait aussi permettre de réduire la dépendance du continent par rapport aux importations, car ses signataires s’engagent à vendre des produits alimentaires, du fourrage, et des intrants agricoles à leurs voisins au lieu de les exporter à l’étranger.
La crise du COVID-19 « nous force vraiment maintenant à regarder en face l’avenir de l’Afrique sur le plan de l’agriculture », explique S. Newman, « en s’intéressant à la part des différents secteurs dans la production agricole : élevage du bétail, culture, pêche et aquaculture, et aussi produits forestiers non ligneux.
Il s’agit de réfléchir à la transformation des systèmes de production alimentaire, à l’adoption de démarches durables, et pour le continent d’aller vers l’indépendance et l’autosuffisance. C’est cela l’avenir. »
Finally…
…thank you for reading this story. Our mission is to make them freely accessible to everyone, no matter where they are.
We believe that lasting and impactful change starts with changing the way people think. That’s why we amplify the diverse voices the world needs to hear – from local restoration leaders to Indigenous communities and women who lead the way.
By supporting us, not only are you supporting the world’s largest knowledge-led platform devoted to sustainable and inclusive landscapes, but you’re also becoming a vital part of a global movement that’s working tirelessly to create a healthier world for us all.
Every donation counts – no matter the amount. Thank you for being a part of our mission.
Les approches qui s’appuient sur les données factuelles et l’implication des communautés sont propices à l’augmentation du couvert forestier
Retrouvez les citations les plus marquantes de la conférence numérique du GLF sur la restauration des zones arides d’Afrique.
Questions-réponses avec Nathalie van Vliet, experte en gestion de la faune sauvage au sein du CIFOR