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« Sans droits, rien ne peut fonctionner », a déclaré Juan Carlos Jintiach, chef autochtone d’Amazonie, paré de ses ornements traditionnels sur la poitrine et arborant une coiffe de plumes bleues, jaunes et rouges.
Ce message, décliné en diverses versions, a résonné tout au long du Forum mondial sur les paysages (GLF), qui a rassemblé les 22 et 23 juin à Bonn en Allemagne plus de 600 participants de 83 pays, plus de 14 000 internautes et touché également 14 millions de personnes grâce aux médias sociaux, avec des exposés sur la recherche scientifique, des tranches de vie des populations autochtones et de grandes ambitions à l’égard de l’importance du respect des droits comme solution au problème du changement climatique et comme nécessité absolue de la vie sur Terre.
Mais en tout premier lieu, le GLF était consacré aux droits des 350 millions d’autochtones qui assurent l’intendance de plus d’un quart de la surface du globe – soit au moins 38 millions de kilomètres carrés dans près de 90 pays ou zones politiques distinctes. Leur territoire recoupe 40 % des paysages terrestres qui sont protégés et abrite 80 % de la biodiversité de la planète.
« Nous avons une mère et cette mère, ce sont nos territoires, le lieu de vie commun à toutes les populations autochtones et à tous les êtres humains de la planète », a expliqué Maximiliano Ferrer, Secrétaire général de la Coordination nationale des populations autochtones du Panama.
Quand leurs droits ne sont pas protégés et sans avoir l’assurance que leurs terres ne leur seront pas confisquées, ces gardiens traditionnels peinent pour gérer et entretenir avec soin leur milieu de vie, et de plus, ils ne sont aucunement encouragés en ce sens.
Lors des débats, ont été abordés les droits pour l’égalité en termes de genre, la jeunesse et la nature elle-même, sans oublier les défenseurs de l’environnement, car, en 2017, on a déploré dans le monde entier la mort d’au moins 200 personnes tuées en tentant de défendre leurs terres, d’après une étude de Global Witness, qui milite en faveur de l’environnement et des droits humains.
« L’eau a des droits, comme l’orage, comme les arbres », a fait remarquer J.C. Jintiach, qui travaille avec le Coordonnateur des organisations autochtones du bassin amazonien pour protéger son territoire natal et ses populations.
Même si un nombre croissant de pays inscrivent les droits de la nature dans leur législation, ces droits sont rarement appliqués à cause de la priorité accordée au pétrole, à l’exploitation minière et au développement des plantations, situation qui est à l’origine des violations des droits humains liés à la terre.
Dans ce contexte, la conférence a permis de présenter un projet de référentiel sur les droits. Sous la houlette de Rights and Resources Initiative (RRI) et de l’Indigenous Peoples Major Group for Sustainable Development (IPMG), ce référentiel définira les principes relatifs à des droits garantis et appropriés, qui doivent être appliqués par les organisations, les institutions, les pouvoirs publics et le secteur privé dans la mise en œuvre de lois, de projets et d’initiatives, ainsi que dans les activités économiques dans l’ensemble des paysages du monde.
« Les populations autochtones doivent trouver des alliances stratégiques pour obtenir la reconnaissance juridique de leurs territoires ancestraux », a précisé Lizardo Cauper Pezo, Coordonnateur des communautés autochtones au Pérou. « Ces lieux sont sacrés. Nous contribuons à la protection de ces paysages. Lutter, c’est primordial. »
Le projet de référentiel sera soumis aux groupes autochtones après la conférence afin de vérifier que ses dispositions cadrent bien avec les besoins et les priorités de ceux qu’il vise à aider et des consultations complémentaires auront lieu lors des événements du GLF prévus au Ghana, et au Chili en marge de la conférence sur le changement climatique de Santiago (COP25) à la fin de l’année.
« Nous voulons que tout le monde sache que le respect de nos droits n’est pas négociable », a insisté Joan Carling, coresponsable de l’IPMG.
« Si vous n’appartenez pas à la communauté que vous prétendez aider, vous devez officiellement répondre de votre action », a déclaré Tessa Khan, codirectrice de Climate Litigation Network et juriste spécialiste des droits humains à la Fondation Urgenda qui, en 2015, a gagné pour la première fois un procès contre un pays pour absence d’action face au changement climatique. Elle mentionne que, dans son travail, il est crucial de prendre des précautions et de s’assurer de bien comprendre les populations qu’elle défend.
Lors de ces deux jours, les droits ont été examinés sous l’angle d’acteurs d’horizons très divers : finance, recherche environnementale, publicité, journalisme, art, plaidoyer, législation, jeunesse, communauté LGBT et nombreuses communautés autochtones du monde entier.
« Les échanges ont été équilibrés entre, d’une part, les récits concernant les difficultés et les menaces auxquelles sont confrontées les communautés privées de droits et, d’autre part, ce que peuvent faire les différents secteurs pour garantir et respecter les droits des populations qu’ils affectent. Par exemple, dans leurs activités se déroulant sur un territoire, les entreprises peuvent viser à la fois une production rentable et le bon fonctionnement des services écosystémiques pour les communautés vivant dans ces régions », a indiqué Bastiaan Louman, coordonnateur des programmes chez Tropenbos, organisme à but non lucratif dédié la gestion durable.
À plusieurs reprises, cette conférence a permis à des personnes souvent exclues des débats et processus décisionnels de disposer d’une tribune pour s’exprimer. Mayumi Sato, jeune Japonaise de 24 ans qui représentait Youth in Landscapes Initiative, a évoqué que, lors de certaines conférences auxquelles elle a assisté, on se demandait souvent pourquoi elle était là. « Les gens ne comprenaient pas pourquoi je partageais leur espace », a-t-elle signalé lors de son discours. « Est-ce parce que je suis de petite taille » ? « Est-ce parce que je suis Asiatique » ? « Est-ce parce que je suis une femme » ? D’après elle, les droits doivent être intersectionnels et englober toutes les identités d’une personne.
Parfois, les paroles ont même été mises de côté pour faire place à d’autres formes de langage : chant de gorge sibérien, rituels mayas, poésie inuk, danse philippine au son des gongs et tambours, vêtements traditionnels, tatouages et ornements.
Le GLF s’est conclu sur un débat à propos de la Décennie pour la restauration des écosystèmes, qui a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 1er mars 2019 et qui se déroulera de 2021 à 2030, et à propos de la place des droits et des populations autochtones dans la réussite de cette décennie.
Dans le monde, il faut restaurer et remettre en état deux milliards d’hectares de terres. Les conférenciers ont bien insisté sur le fait que ceci ne pourra se faire qu’en commençant par protéger les droits de ceux qui les exploitent et en sont les gardiens attentifs.
« Qu’est-ce qui restaurera les écosystèmes ? » a demandé Jeffrey Campbell, directeur du Mécanisme forêts et paysans de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. (FAO). « La restauration des droits. »
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