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La restauration en Afrique sera un sujet de discussion lors du « Global Landscapes Forum », qui se tiendra à Accra du 29 au 30 octobre. En savoir plus.
Il est 7 heures du matin lorsque nous quittons la ville de Kisangani, le troisième plus grand centre urbain de la République démocratique du Congo (RDC), situé au cœur du bassin du Congo. La route nationale 4, l’une des artères les mieux entretenues de la région, regorge déjà de centaines de motos et de vélos chargés de marchandises pour répondre à la demande croissante de la ville.
Cependant, en avançant dans la direction opposée à l’embouteillage, je remarque que la plupart des chargements sont du charbon de bois, appelé localement « makala ». La RDC a l’un des taux d’électrification les plus bas au monde : 19% dans les centres urbains et seulement 1% dans les zones rurales. Par conséquent, les ménages utilisent le bois énergie – soit le charbon de bois ou le bois de chauffe – pour la cuisine et d’autres besoins en énergie domestique. Cependant, en raison de la croissance démographique et de l’urbanisation rapide, la demande en énergie est devenue l’un des principaux moteurs de la dégradation des forêts du pays.
Après presque deux heures pour parcourir 30 kilomètres, nous arrivons à Litoy, un petit village d’environ 460 habitants situé à la périphérie de la ville. Cette communauté vivait autrefois de l’exploitation de ressources forestières, mais à l’approche du village, nous sommes témoins d’une triste réalité : la forêt a disparu.
J’accompagne une organisation locale appelée Organisation congolaise des écologistes et amis de la nature (OCEAN), créée en 1994 pour répondre aux plusieurs défis environnementaux causés par l’afflux de réfugiés rwandais dans la région de Kisangani. Depuis, le travail d’OCEAN s’est élargi et diversifié et a maintenant des projets dans tout le pays.
Florent Kay, chargé des programmes d’OCEAN, explique que la route menant à Litoy a été construite par une société forestière libanaise à la fin des années 90. À cette époque, la région n’était habitée que par quelques familles autochtones. Cependant, l’exploitation forestière industrielle créait de nouvelles opportunités et plus de personnes sont arrivés. Tandis que la société exploitait les arbres de grande valeur commerciale pour la production de bois, elle laissait le reste à la production de charbon par les villageois pour le commerce dans la ville de Kisangani, auquel ils pouvaient accéder par la nouvelle route construite par la société forestière.
Cependant, après deux décennies d’exploitation forestière non durable, il ne reste que peu d’arbres. La société d’exploitation forestière est passée à une autre assiette de coupe et les habitants ont défriché la forêt restante pour l’agriculture. Mais en raison de techniques inadéquates, le sol a perdu ses nutriments. « Regardez nos alentours. Il n’y a pas des champs. C’est parce que les villageois doivent maintenant cultiver très loin », dit F. Kay.
En outre, en raison de la perte de forêts, les schémas climatiques locaux ont été perturbés. « La saison des pluies a tellement changé que nous ne savons plus quand planter », explique Alphonse Mbumbu, le chef local. « Nous avons également perdu la protection de la forêt. Ces jours-ci, les vents sont si forts qu’ils menacent nos cultures. »
Pour soutenir le village de Litoy, OCEAN et le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) travaillent au niveau local pour restaurer les terres dégradées avoisinantes et font en sorte que la population locale continue à disposer de moyens de subsistance.
À cette fin, OCEAN et un comité de pilotage local ont construit une pépinière pour la culture des acacias et du Pentaclethra, une espèce indigène à croissance rapide qui fertile le sol pour la culture et peut être récoltée pour la production d’énergie. Alors que nous visitons la petite structure en bois, F. Kay explique que les plantules qui y poussent vont être plantés afin de réhabiliter sept hectares de terres pour produire du makala que les habitants de Litoy pourront commercialiser.
« Cela peut sembler une petite initiative, mais cela implique un changement radical de mentalité », explique Dido Botoko, le responsable de la cellule d’aménagement d’OCEAN. « Normalement, les communautés locales pratiquent l’agriculture itinérante sur brulis : ils exploitent une étendue de forêt pour réaliser les activités agricoles et la production de makala, puis lorsque ces étendus se dégradent, ils passent à un autre endroit. Elles n’envisagent jamais de replanter les arbres. »
« Nous devons faire beaucoup de travail avec la communauté pour sensibiliser à l’importance de la gestion durable des forêts », ajoute F. Kay. « Mais à mesure que les effets de la dégradation des terres commencent à se manifester, il y a un intérêt croissant à faire quelque chose. » Un autre défi majeur est l’engagement à long terme, selon D. Botoko. Les arbres actuellement dans la pépinière prendront au moins six ans avant de pouvoir être récoltés pour produire du charbon. « Nous devons trouver le moyen pour les locaux de rester engagés, de s’occuper des arbres et de vraiment croire qu’il s’agit d’un investissement dans leur avenir ».
Dans le cadre de l’Initiative de restauration des forêts en Afrique (AFR100), la RDC s’est engagée à restaurer 8 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030. C’est un objectif ambitieux qui nécessite un appui continu des différents niveaux de gouvernement du pays, des organisations internationales et du secteur privé. Mais plus important encore, il aura besoin de la participation d’acteurs locaux, des agriculteurs aux éleveurs en passant par les dirigeants locaux, a déclaré F. Kay.
« Les grands objectifs commencent au niveau local », conclut D. Botoko en quittant Litoy pour rentrer en ville. « Pour restaurer le pays, nous devons commencer à planter des arbres, village par village et ainsi de suite. »
Ce projet est financé par l’Union européenne.
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