Axel Fassio, CIFOR

La science doit étayer les initiatives de restauration des forêts d’Afrique, disent les experts

Les approches qui s’appuient sur les données factuelles et l’implication des communautés sont propices à l’augmentation du couvert forestier
mar octobre 2020

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Selon les délégués de la conférence sur la plantation d’arbres organisée par CIFOR-ICRAF et Resilient Landscapes, il est crucial d’utiliser les données scientifiques et techniques comme levier pour reverdir la planète. Cette conclusion s’applique également à l’Afrique, dont les pays se sont engagés à restaurer 100 millions d’hectares de paysages déboisés et dégradés d’ici 2030 dans le cadre de l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains(AFR100).

Les experts ont clairement fait savoir que les bonnes intentions ne suffisent pas pour améliorer les moyens de subsistance, façonner des paysages plus productifs et résoudre la crise climatique. « Si la restauration forestière, les plantations d’arbres, ne sont pas bien réalisées, tous ces efforts seront gâchés et pourraient même avoir des retombées négatives, » a déclaré Ramni Jamnadass, coresponsable du programme Productivité et diversité des arbres à l’ICRAF. « Les avancées scientifiques et technologiques augmentent les chances de réussite en nous aidant à planter la bonne essence d’arbre au bon endroit et pour un bon usage. »

Le forum intitulé « La plantation d’arbres peut-elle sauver notre planète ? » a rassemblé des chercheurs, des experts des forêts, des responsables de communauté et des jeunes pour discuter du besoin de transformer ces engagements en arbres et en forêts durables – une condition essentielle pour aider l’Afrique à atteindre ses objectifs de restauration.

FREETOWN, VILLE ARBORÉE

Pour reprendre les propos d’Ivonne Aki Sawyerr lors de son discours inaugural : « Nous devons maintenir l’enthousiasme, mais aussi la science. » Maire de Freetown, capitale de Sierra Leone, I. A. Sawyerr a lancé un plan sur trois ans, dans l’esprit du New deal vert mondial, pour répondre aux problèmes environnementaux de sa ville. L’une de ses initiatives baptisée « Freetown, a tree town » (Freetown, ville arborée en français) est « un projet ambitieux, mais néanmoins faisable, étayé par la science, qui vise à planter un million d’arbres en collaboration avec les habitants », explique-t-elle.

Elle prévoit de planter 15 espèces indigènes dans les plaines, les montagnes et les mangroves environnantes dans le but de réamorcer des services écosystémiques vitaux, et aussi de reverdir la ville. Freetown ne dispose pas de beaucoup d’espace du fait que sa population ait doublé en 25 ans, pour atteindre aujourd’hui 1,2 million d’habitants. Encourager les gens à planter des arbres dans leur propre jardin, dans les écoles et les espaces publics est ainsi une autre façon d’augmenter la couverture arborée.

Les habitants qui se sont portés volontaires pour gérer ces arbres surveilleront tous les mois la croissance de « leurs » protégés, géolocalisés par GPS, et entreront les données obtenues dans une application. L’initiative, soutenue par la Banque mondiale, cherche à rétablir les services écosystémiques que les arbres et les forêts fournissaient avant de succomber à l’explosion démographique des dernières décennies.

La réussite du programme entraînera une réduction des risques d’érosion et d’inondation, améliorera l’accès à l’eau et fera revenir les populations d’oiseaux et de poissons, ajoute I. A. Sawyerr.

TOUS SUR LE PONT

La Sierra Leone n’est pas le seul pays dans cette situation. Chaque année, l’Afrique perd près de 3 millions d’hectares de forêt et 3 % de son produit intérieur brut (PIB) en raison des cultures qui épuisent les éléments nutritifs du sol. Autrement dit, l’Afrique porte 700 millions d’hectares de terres qui pourraient être restaurées, la plus grande surface de tous les continents. L’initiative AFR100 fait partie des contributions au Défi de Bonn, dont l’objectif est de restaurer 350 millions d’hectares de paysages dégradés et déboisés d’ici 2030.

Les participants se sont accordés sur le fait que, si les objectifs se situent à l’échelle mondiale, toutes les actions entreprises sont en fin de compte mises en œuvre à l’échelon local, et doivent être adaptées à chaque site et chaque communauté. « Il ne s’agit pas de planter des monocultures, mais bien de donner les moyens aux populations locales de prendre les bonnes décisions sur leurs paysages », a indiqué Thomas Crowther, professeur à ETH Zurich. « Il est aussi indispensable que les communautés tirent un avantage de ces projets de restauration afin de les rendre pérennes. »

Photo: Ministère de l’environnement, Rwanda

Les conférenciers ont également insisté sur l’importance d’adopter une approche holistique des plantations d’arbres et de la restauration des forêts : une approche qui inclut tous les acteurs pouvant être concernés, qui cherche à accumuler autant de bénéfices environnementaux, sociaux et économiques possibles, et qui tienne compte de tous les outils techniques disponibles – de la plantation manuelle et assistée par des drones à la régénération naturelle, de l’utilisation des données géographiques aux modélisations.

« La science et les connaissances traditionnelles sur l’environnement doivent être réunies, et cela d’autant plus dans le contexte du changement climatique », a affirmé Jad Daley, président-directeur général de l’ONG de protection de la nature American Forests. C’est ce que nous avons appelé « une approche radicalement inclusive, tous sur le pont ».

Enfin se pose la question de l’économie politique, qui se dresse au carrefour des politiques, de l’économie et d’autres considérations. Mais, comme l’a fait remarquer Wanjira Mathai, qui dirige la fondation Wangari Maathai : « Nous savons déjà tout ce qu’il y a à savoir pour agir, alors pourquoi rien ne se passe ? »

Susan Chomba, responsable du projet de l’ICRAF, a acquiescé, soulignant que les arbres sont nécessaires à la séquestration du carbone, mais aussi à la biodiversité et au développement durable. « Tous ces objectifs sont liés. »

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