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Par Tony Simons, directeur général du Centre International pour la Recherche en Agroforesterie, et Stefan Schmitz, directeur exécutif de Crop Trust.
Nous sommes tous au fait des chiffres : d’ici 2050, la population mondiale pourrait compter près de 10 milliards de personnes et la plupart des projections tablent sur une hausse de la demande alimentaire mondiale d’au moins 50 pour cent sur la même période.
Par ailleurs, nous traversons actuellement une crise climatique. Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère seraient les plus élevés de toute l’histoire de l’humanité, des essaims de sauterelles s’abattent en Afrique de l’Est et en Inde, et des nuages gigantesques de poussières du désert du Sahara survolent l’océan Atlantique jusqu’au golfe du Mexique.
À cela s’ajoutent la malnutrition et ses conséquences. Récemment publié, le Rapport sur la nutrition mondiale de 2020 – évaluation annuelle indépendante mondiale portant sur la situation nutritionnelle à l’échelle internationale – conclut que les systèmes alimentaires actuels sont à l’origine de la sous-alimentation d’une personne sur neuf, faisant de la malnutrition la première cause de décès dans le monde.
Et pour ne rien arranger, la pandémie du COVID-19 s’est avérée un révélateur douloureux de la fragilité et de l’interconnexion de nos systèmes alimentaires mondiaux ; signe que ce type de menaces peut se multiplier et rapidement évoluer en catastrophes planétaires, à moins d’agir de façon coordonnée.
Mais cet événement est également révélateur d’espoirs. Une transformation profonde des systèmes est possible : aux quatre coins du monde, localement, des agriculteurs et des communautés ont relevé le défi de se nourrir, de nourrir leurs voisins et les habitants des villes, alors même que les chaînes logistiques étaient en pleine tourmente. Nous avons observé certains blocs régionaux, tels que l’UE et l’ASEAN, portés par leur sens de l’intérêt commun, maintenir leurs frontières ouvertes à la nourriture et aux autres fournitures de première nécessité.
Les difficultés ne manquent pas, et connaître les faits est insuffisant. Les résoudre nécessite des institutions nationales et internationales solides, des responsables politiques engagés et des politiques étayées par la science, la recherche et offrant plusieurs options. Le système alimentaire mondial doit évoluer pour devenir durable, pour nous fournir, à nous et aux générations futures, une alimentation variée et riche en nutriments, et tout cela en parvenant à réduire les émissions de carbone du secteur, à inverser la tendance à l’appauvrissement et à la perte de fertilité des sols, et à faire preuve de résilience face à la crise climatique.
Ces défis, si complexes et interconnectés, appellent inévitablement à des solutions multiples et holistiques. Les deux éléments ci-dessous nous semblent particulièrement précieux pour une transition vers un système alimentaire pérenne : la préservation de la diversité végétale et l’application d’approches agroécologiques à la production alimentaire.
La diversité génétique naturelle constitue la matière première à partir de laquelle les sélectionneurs et agriculteurs vont améliorer le goût et la composition nutritionnelle, augmenter les rendements, et répondre aux aléas agricoles tels que les maladies, les ravageurs, les intempéries et l’évolution des températures. L’idée est là, or cette diversité est en recul car les espèces cultivées ne contiennent qu’une fraction de la diversité génétique de leurs parents sauvages.
Sans la destruction des habitats naturels, sans les changements d’aires de répartition des cultures ou d’affectation des terres induits par l’évolution du climat, nous pourrions toujours reconstruire notre diversité génétique à partir des espèces sauvages. Seulement, notre monde est déstabilisé. À ce titre, les banques de semences, aussi connues sous le nom de banques de gènes, sont des ressources cruciales, garantes de la diversité de nos cultures, mises à la disposition des chercheurs et des sélectionneurs afin de développer les connaissances et de nouvelles variétés adaptées aux besoins des agriculteurs et des consommateurs. Pour faire face à une population mondiale croissante, la première étape consiste à s’assurer que le travail effectué par les banques de gènes continue.
Les approches agroécologiques – notamment une plus grande intégration d’arbres au sein des systèmes agricoles – peuvent aussi remédier à bon nombre des travers de nos systèmes alimentaires. Les arbres peuvent nous aider à transformer le monde ; en créant des systèmes urbains et périurbains qui intègrent arbres et cultures pour compléter la production rurale et qui permettent de raccourcir les chaînes logistiques ; en introduisant l’agroforesterie aux paysages de monocultures pour produire un éventail de produits nutritifs plus intéressants qu’une unique source d’hydrates de carbone. En plus de la productivité agricole, ces approches peuvent amener des avantages sociaux, financiers et environnementaux.
Quelle que soit la transformation entreprise, elle devra s’opérer à chaque strate du système alimentaire mondial – pas uniquement à l’échelle des exploitations, mais sur l’ensemble des chaînes de valeur, depuis les transformateurs jusqu’aux consommateurs, aux responsables de la collecte des déchets et aux recycleurs. C’est de cette économie verte circulaire dont nous avons besoin. Il nous faut repenser, réinventer, innover et améliorer chaque maillon. Il s’agit là d’un formidable défi, qui est loin d’être inaccessible : par le passé, l’humanité a déjà surmonté ceux des révolutions agricole, industrielle et numérique. Si nous arrivons à changer tout ce qui peut l’être, et à mieux nous coordonner les uns les autres, nous pouvons aussi gagner ce pari et redéfinir nos systèmes alimentaires pour à la fois assurer l’approvisionnement immédiat en nourriture et aussi sauver notre avenir en tant qu’espèce.
Cette décennie est déterminante pour redessiner le futur auquel nous aspirons et dont nous avons besoin. Nous n’avons plus le temps ; il n’y aura ni deuxième service, ni seconde chance. La vie de millions de gens ne tient littéralement qu’à une file, celle de la soupe populaire. La pandémie nous l’a brutalement rappelé : le défi est collectif, tout comme les solutions, que nous devrons trouver ensemble.
Ce texte est tiré d’une série d’articles sur le thème de l’alimentation durable, produite en collaboration avec Crop Trust.
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