Paysage de Nalma au Népal. Mokhamad Edliadi, CIFOR

Résumé de la nouvelle résolution des Nations Unies sur la restauration

11 avril 2019

Suivant le Point 14 de l’ordre du jour de la 73e session de l’Assemblée générale des Nations Unies le 1er mars 2019, les États membres ont adopté une proposition proclamant 2021-2030 Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. Cette nouvelle action, dont l’idée a germé il y a environ un an, permettra à l’ONU de mobiliser les décideurs, les financeurs privés et les citoyens pour remettre en état deux milliards d’hectares de paysages dégradés dans le monde entier.

La résolution adoptée énonce des constatations, des intentions, des appels pressants et la myriade d’initiatives, de conventions, d’événements et de décennies auxquelles elle se rapporte. Si nous vous encourageons vivement à lire l’original de cette résolution qui ne compte que six pages, nous l’avons résumée ici en 10 points essentiels.

1. La résolution commence en rappelant que cette décennie consacrée à la restauration des écosystèmes fait suite à un certain nombre de décennies qui ciblaient la désertification, la biodiversité, les sciences océaniques et l’agriculture familiale. Elle viendra contribuer au Programme de développement durable à l’horizon 2030 mis en place par les Nations Unies dont les 17 objectifs de développement durable (ODD), fixés en 2015, visent à lutter contre l’extrême pauvreté, à assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition, et à protéger, à restaurer et à promouvoir l’utilisation durable des terres et des océans. Plusieurs de ces objectifs de développement durable portant sur la restauration des écosystèmes doivent être atteints « d’ici à 2020, d’où la nécessité d’agir d’urgence ».

2. Les écosystèmes naturels, dont « les forêts, les océans, les zones humides et les sols », sont des puits et des réservoirs de gaz à effet de serre. Dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques, les pays ont reconnu l’importance que revêtent la « conservation et le renforcement » de ces puits et réservoirs. Quant à la résolution, elle affirme qu’il convient d’adopter une « approche écosystémique » dans laquelle ces écosystèmes et leurs ressources, terrestres ou aquatiques, doivent faire l’objet d’une exploitation intégrée et d’une gestion concertée.

3. Des objectifs d’Aichi pour la biodiversité à la Décennie des Nations Unies pour la biodiversité (2011-2020), puis à la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique – qui se tiendra à Kunming en Chine l’an prochain – les initiatives en cours, comme cette Décennie, mettent le projecteur sur un problème à traiter de façon impérative : la biodiversité. La résolution souligne que la conservation et la restauration de la biodiversité doivent être prises en compte ensemble, l’une soutenant l’autre. L’appauvrissement de la biodiversité et des services écosystémiques à cause de la dégradation des terres induit une perte annuelle de plus de 10 % du produit intérieur brut mondial. C’est dire s’il est urgent de limiter ces pertes écologiques, et donc financières !

4. Rappelant le Plan stratégique des Nations Unies pour les forêts 2017-2030, la résolution considère aussi que les forêts sont prioritaires dans les activités de restauration. Entre 1990 et 2015, l’emprise des zones forestières dans le monde est passée de 31,6 à 30,6 % de la superficie totale des terres. Cette « diminution a ralenti ces dernières années », selon la résolution, mais il faut maintenant inverser le processus par « une gestion forestière durable, notamment grâce à la protection des forêts, à leur régénération, au boisement et au reboisement ».

5. Mentionnant le Plan stratégique Ramsar 2016-2024, la résolution attire l’attention sur les zones humides, en soulignant de nouveau l’importance d’écosystèmes comme les tourbières, les marais intertidaux, les mangroves et les herbiers de phanérogames marines. La résolution indique que les zones humides côtières et intérieures étudiées entre 1970 et 2015 ont reculé de 35 %. D’autre part, d’après les prévisions, les récifs coralliens devraient se réduire de 70 à 90 % avec une hausse des températures de 1,5 degré Celsius. Une augmentation de 2 degrés serait encore plus catastrophique.

6. Cette Décennie s’inscrit dans le prolongement « des initiatives et des engagements volontaires [qui] sont pris à tous les niveaux ». En particulier, la résolution cite le Programme d’action panafricain sur la restauration des écosystèmes pour une résilience accrue, ainsi que le Défi de Bonn, qui avait déjà incité près de 60 pays à restaurer plus de 170 millions d’hectares de paysages au moment de l’adoption de cette Décennie.

7. Cependant, « en sus de la volonté politique, il faut insuffler un nouvel élan » afin de parvenir véritablement au changement transformationnel requis pour restaurer les écosystèmes et réaliser les ODD. Bien que la résolution ne l’évoque pas explicitement, bon nombre de personnes qui en sont à l’origine ou qui la soutiennent ont débattu de l’importance de s’appuyer sur cette Décennie pour mobiliser des financements du secteur privé.

8. Il est largement admis que des écosystèmes restaurés et fonctionnant mieux peuvent permettre d’accroître la résilience des sociétés face aux changements climatiques, de réduire la pauvreté et d’améliorer la qualité de vie des hommes et des femmes qui peuplent la Terre. En ce qui concerne la réalisation des ambitions pour la société, le texte explique que « la restauration doit être menée… avec la participation des parties intéressées, notamment les peuples autochtones et les populations locales ». En particulier, il souligne « la nécessité d’associer pleinement [les femmes] à la prise des décisions [liées à la conservation et à la restauration] et à leur application à tous les niveaux » afin de faire progresser l’égalité entre les sexes.

9. La résolution se termine en encourageant les États membres à « prendre systématiquement en compte la restauration des écosystèmes » par la création de politiques visant à renforcer la restauration et à juguler la dégradation ; à poursuivre leurs travaux dans le cadre des objectifs, des initiatives et des engagements en cours ; à envisager de manière globale la question de la restauration des écosystèmes qui peut être utile dans la réalisation des autres priorités et engagements internationaux ; à mettre leurs expériences en commun ; à « favoriser la mobilisation de ressources, le renforcement des capacités, la recherche scientifique » et à impulser une dynamique en faveur de la restauration à tous les niveaux – des petits villages aux tribunes internationales.

10. Enfin, il est une phrase à lire absolument en page 5, indiquant que l’Assemblée générale est « consciente que la protection des écosystèmes et les mesures visant à éviter les pratiques néfastes aux animaux, aux plantes, aux micro-organismes et aux milieux abiotiques permettent à l’humanité de coexister en harmonie avec la nature ».

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